Déjà 72% des étudiants utilisent ChatGPT comme soutien scolaire en France, faut-il s’inquiéter ?

Rédigé par : Adrien Jourdan, Camille Carollo et Dany Santos Grilo | Date de publication : 28/06/2023 | Mis à jour le : 13/09/2023

Du 18 avril 2023 au 20 mai 2023, la plateforme d’apprentissage de l’anglais ISpeakSpokeSpoken a mené, auprès de sa base de données, un sondage sur l’utilisation de ChatGPT dans le cadre des études.

244 étudiants français y ont répondu :

  • 64 appartiennent au niveau secondaire (lycée, BTS)
  • 180 évoluent dans le niveau supérieur (classe préparatoire, université, école d’ingénieur, école de commerce…)

L’enquête montre le caractère déjà très prégnant de cette nouvelle technologie parmi ces publics, quelques mois seulement après sa mise en ligne. Chiffres et analyse.

Chiffres principaux

  • 74,2% des étudiants ont déjà utilisé ChatGPT pour leurs cours.
  • 50,4% des étudiants utilisent ChatGPT chaque semaine.
  • 52% des étudiants ont déjà utilisé ChatGPT pour faire leurs devoirs, préparer un projet ou un travail à la maison.
  • 72,1% des étudiants utilisent ChatGPT pour mieux comprendre les concepts étudiés en classe.
  • Seulement 15,6% des professeurs ou écoles ont mis en place des mesures préventives pour encadrer l’utilisation de ChatGPT.

Les résultats de l’étude

Faites défiler vers le bas pour voir tous les résultats de l’étude :

L’acquisition de compétences en danger ?

ChatGPT constitue-t-il un frein à l’acquisition de compétences ? 45,6% des sondés l’utilisent pour rédiger des dissertations, des textes et des exposés, pour traduire et écrire des travaux en langue étrangère, ou même pour résoudre des problèmes mathématiques.

Mais si les élèves n’effectuent pas ce travail eux-mêmes, comment peuvent-ils acquérir ces compétences ? Comment développent-ils leur créativité ?

Se dirige-t-on vers des experts des prompts (nom donné aux textes que l’utilisateur d’un agent conversationnel comme ChatGPT va entrer dans le champ qui lui est dédié pour obtenir une réponse du robot) au détriment d’esprits véritablement aiguisés et critiques ?

L’avis d’Adrien Jourdan, directeur d’ISpeakSpokeSpoken

Au vu des résultats du sondage, il semblerait que la réponse ne soit pas tranchée. Tout dépend de la manière dont on sait se servir de l’outil. ChatGPT, et les intelligences artificielles par extension, ne sont pas des baguettes magiques mais plutôt des leviers très efficaces pour qui sait s’en servir.

En effet, l’étudiant doit savoir avec précision quel résultat il souhaite obtenir et, pour ce faire, poser la bonne question à l’outil, avec pour finalité la création d’une production aussi qualitative qu’un travail manuel. L’intelligence artificielle n’est donc, en somme, pas une recette miracle, mais bien un accélérateur.

De plus, elle ne remplace pas l’acquisition des compétences. En effet, si l’intelligence artificielle aboutit bel et bien à un résultat, l’auteur reste le robot. Au moment d’appliquer des compétences comme, par exemple, argumenter, fournir une explication à l’oral, ou encore interagir avec camarades, collègues ou clients, l’intelligence artificielle n’est pour l’instant d’aucun secours. L’IA est capable de délivrer un savoir académique mais ne remplace pas encore celui fourni par l’expérience et les erreurs ! Par extension, on pense ici aux soft skills, parfois traduits par “savoir-être” en français.

ChatGPT permet en revanche de rendre accessible à un très large public d’étudiants, indépendamment de leurs ressources et milieux sociaux, l’assimilation de nouvelles connaissances. C’est aussi un formidable outil pour comprendre par soi-même sans attendre les explications d’un professeur. En ce sens, c’est une démocratisation colossale de la connaissance.

Adrien Jourdan directeur ISpeakSpokeSpoken

Un outil pour l’égalité des chances ?

Le sondage révèle que beaucoup utilisent l’outil pour rechercher des informations et approfondir leurs connaissances.

Par extension, il permet aux étudiants avec peu de moyens de s’instruire, même s’ils n’ont pas les ressources financières nécessaires pour suivre des cours de soutien ou acquérir des supports complémentaires. C’est donc plutôt un égalisateur de chances.

Faut-il interdire l’utilisation de l’intelligence artificielle à l’école ?

Suite à la publication du communiqué de l’UNESCO concernant la prévention et la limitation de l’utilisation des intelligences artificielles à l’école, il est essentiel de mettre en lumière les points clés de leurs recommandations et de les confronter à notre vision chez ISpeakSpokeSpoken.

L’UNESCO souligne l’importance de la réglementation de l’IA générative dans le domaine éducatif. Ils recommandent notamment l’adoption de normes mondiales, régionales ou nationales en matière de protection des données et de vie privée. De plus, l’organisation fixe une limite d’âge de 13 ans pour l’utilisation des outils d’IA dans les salles de classe et insiste sur la formation spécifique des enseignants à ce sujet.

L’avis d’Adrien Jourdan, directeur d’ISpeakSpokeSpoken

Tout en reconnaissant pleinement l’importance d’une réglementation adéquate, je suis convaincu que la simple interdiction n’est pas la réponse appropriée. Je soutiens avec force que l’éducation est la clé.

Il est impératif d’enseigner aux élèves comment utiliser ces outils de manière saine et efficace. Cela signifie, par exemple, leur apprendre à distinguer les informations fiables des fausses, à éviter le plagiat, et à maîtriser ces outils pour des activités d’apprentissage ou de révision.

De plus, je crois que limiter ces outils à l’école serait contre-productif. Les nouvelles générations sont naturellement à l’aise avec la technologie. En imposant des barrières, on pourrait éveiller leur curiosité, les incitant à explorer ces outils hors du cadre protégé de l’école. Sans les compétences nécessaires pour les utiliser, ils s’exposent à des dangers et à des utilisations inappropriées.

Sans oublier que restreindre l’accès à ces outils dans les établissements scolaires pourrait creuser davantage le fossé des inégalités. Si l’école, lieu d’égalité des chances, limite l’utilisation de ces outils, alors les élèves issus de milieux défavorisés, qui n’ont pas nécessairement accès à la technologie à la maison, se retrouveraient désavantagés. À l’inverse, leurs camarades plus aisés pourraient continuer à bénéficier de ces outils chez eux, renforçant ainsi les disparités en matière d’accès à l’information et à l’apprentissage.

Adrien Jourdan directeur ISpeakSpokeSpoken

La fiabilité de l’information

Une majorité des sondés (61,8%) confie ne pas avoir rencontré de problèmes de fiabilité ou d’exactitude des informations fournies par ChatGPT.

Une donnée qui contredit ChatGPT même qui, sondé sur la question “Peux-tu me garantir que, pour des questions sur des thèmes aussi variés que la langue française, la langue anglaise, l’histoire, la géographie, le droit ou encore les mathématiques, les réponses que tu me fourniras seront exactes et fiables ?“, répond :

En tant qu’intelligence artificielle développée par OpenAI, je m’efforce de fournir des informations aussi précises et fiables que possible dans un large éventail de sujets, y compris ceux que vous avez mentionnés comme la langue française, l’anglais, l’histoire, la géographie, le droit et les mathématiques.

Cependant, il est important de noter que même si j’ai été formé sur un ensemble de données très large, il y a toujours une possibilité d’erreur ou d’inexactitude. Les connaissances que je possède ont une date de fin au septembre 2021, donc je ne peux pas fournir d’informations qui ont été publiées ou découvertes après cette date. En outre, je ne peux pas garantir la précision de toutes les informations que je fournis à 100%, particulièrement dans des domaines spécifiques et très techniques, comme certains aspects du droit ou des mathématiques avancées.

Il est donc toujours recommandé de consulter plusieurs sources et, si possible, des experts humains lorsqu’il s’agit de sujets complexes ou importants. Je suis un outil d’apprentissage et de conversation utile, mais je ne remplace pas un conseil professionnel ou une recherche académique approfondie.

Les élèves sont-ils suffisamment armés pour vérifier ou fact-checker les informations délivrées par l’agent conversationnel ? Et surtout, éprouvent-ils le désir de le faire systématiquement ?

La question dépasse le simple cadre scolaire puisque 67,7% des étudiants sondés déclarent utiliser ChatGPT pour mener des recherches en dehors de leurs études. Cette dimension renforce les conséquences inhérentes au manque de fiabilité ; à plus forte raison que, contrairement aux moteurs de recherche ou au chatbot concurrent de Google, Bard, l’outil ChatGPT ne cite aucune de ses sources.

Quel futur pour les professeurs ?

42% des étudiants se sentent plus autonomes grâce à ChatGPT, quand 34% d’entre eux pensent que ChatGPT pourrait remplacer certains outils pédagogiques traditionnels. ChatGPT montre déjà qu’il est autant, si ce n’est plus efficace que les professeurs pour certaines tâches telles que les corrections, voire les explications complémentaires.

Cette tendance va-t-elle inciter les professeurs à s’adapter ? C’est notamment ce que pense le New York Times. Dans une tribune publiée le 12 janvier 2023, le quotidien américain revenait sur le questionnement des enseignements états-uniens face à cette nouvelle technologie (l’un des personnels sondés demande s’il est toujours “nécessaire”) et appelait ces derniers à enseigner avec ChatGPT plutôt que de (tenter de) bannir l’outil des bancs de l’école.

ChatGPT, qu’est-ce que c’est ?

ChatGPT est un prototype d’agent conversationnel qui utilise l’intelligence artificielle pour dialoguer avec les utilisateurs. Ce chatbot a été développé par OpenAI, une société cocréée par Elon Musk en 2015 et valorisée, depuis, à près de 29 milliards de dollars.

Depuis novembre 2022 et son ouverture au public en plusieurs langues, dont le français, il jouit d’un écho retentissant auprès de publics divers, professionnels comme particuliers – son utilisation ayant même été débattue à l’Assemblée nationale française.

L’exploitation de son modèle 3.5 est gratuite pour quiconque détient un compte, mais l’usage de son modèle 4, plus performant, est réservé aux abonnés déboursant 20 dollars par mois.

À propos d’ISpeakSpokeSpoken

ISpeakSpokeSpoken est une plateforme spécialisée dans l’apprentissage de l’anglais. Elle appuie sa pédagogie sur une chaîne YouTube suivie par plus de 500 000 abonné(e)s et plusieurs centaines de cours gratuits pour permettre de se mettre ou de se remettre à la langue anglaise quels que soient son niveau, son âge ou son lieu de résidence.

Les formations délivrées par Adrien Jourdan et par son équipe ont déjà réuni plus de 10 000 apprenant(e)s.

Informations de contact

Adrien Jourdan
adrien@ispeakspokespoken.com
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